Révision: Victor SX-V05

Le fabricant Victor, plus connu dans nos contrées sous le nom JVC, n'a pas conçu que des électroniques. D'excellentes enceintes sont sorties sous cette marque, mais peu distribuées et donc peu connues en dehors du Japon. Nous nous intéressons ici à l'un des plus petits modèles de cette marque, benjamine de sa série, et proposée à un tarif très raisonnable par rapport a ses grandes sœurs lors de sa sortie en 1997.

1. Présentation

Il s'agit d’une enceinte clairement orientée vers la musicalité et la recherche de beaux timbres, plutôt que vers la rigueur et la précision. D’ailleurs le fabricant communiquait à l'époque sur ce point, expliquant le choix de différents bois afin de créer une caisse aux résonances agréables.

Sur ce point d'ailleurs, signalons qu'une bonne partie des caisses est en bois massif, pas en contreplaqué ou en MDF. C'est très beau, luxueux pourrait-on dire. Par contre c'est aussi plus sensible lors du vieillissement au développement de fentes dans le bois. Trouver une paire en parfait état visuel est assez difficile, et si vous avez la chance d'en posséder une nous vous conseillons de ne jamais les stocker dans un garage, un grenier humide ou un endroit exposé à de grosses variations de température. Avec ces quelques précautions, vous devriez éviter ce genre de souci.
Les modèles supérieurs de la gamme bénéficieraient en revanche d'une imprégnation du bois par résine, rendant ce dernier particulièrement résistant.
Le modèle qui se trouve à notre atelier est lui en parfait état.

Les haut-parleurs sont fixés sur une épaisse plaque en aluminium, et bénéficient donc d'un montage très rigide, le bas-médium dispose en plus d'un solide renfort métallique en U à l'arrière.

Ce haut-parleur justement est un 12cm, avec un cône en papier Kurt Mueller et un spider très original qui est en fait une spirale en bakélite.
La suspension est en tissu imprégné, très résistant et toujours souple après plus de 25 ans.

L'aigu est confié à un tweeter à dôme aluminium de 1,9cm doté d'un diffuseur.

Comme souvent pour les Japonaises de cette époque, le filtrage est à pente douce.
La réponse en fréquence est relativement équilibrée, avec un léger renfort dans le bas-médium et quelques encoches autour de autour de 7-8Khz.

A noter que même si cela ne se voit pas en photo, ces enceintes sont vraiment très compactes, au point de paraître petites à côté d'une paire de Harbeth P3ESR.

1. Premier essai

Les enceintes fonctionnent mais dès qu'on monte le volume, un bruit de ferraille (ouille) se fait entendre au niveau des bas-médiums.
L’extrême aigu est subjectivement peu présent.
Sans rentrer dans un descriptif détaillé des qualités sonores, ce qui n'est pas le but ici, il faut tout de même noter que le niveau du grave (même s'il ne descend pas très bas) et la présence des SX-V05 est étonnante au vu de leur taille.

2. Réparation des haut-parleur

Les deux cônes des bas-médiums ont dû être décollés afin de nettoyer l'entrefer. Des poussières étaient manifestement à l'origine du bruit de frottement métallique.

Réflexion faite le design du spider en spirale laisse l'entrefer totalement ouvert et vulnérable à l’introduction de poussières.
Ce spider en bakélite est aussi totalement rigide et ne laisse aucun "jeu", aussi minime qu'il soit, pour laisser l'ensemble mobile s'aligner seul en fonctionnement. Un alignement parfait est nécessaire, alignement qui peut en plus bouger au fil des décennies avec l’affaissement (normal) des suspensions et du cône. Ce n'est qu’une hypothèse... en tous cas, ce sera sur notre modèle 2 haut-parleurs à reprendre sur 2...

Les haut-parleurs sur leur plaque en aluminium:

3. Maintenance des filtres

Le filtrage est très simple, deux selfs, un condensateur et une résistance. Le bas-médium est coupé assez haut et doucement, ce qui serait rendu possible selon le constructeur par ses excellentes caractéristiques plus haut en fréquence, et nous voulons bien le croire. C'est clairement ici le "centre" de l'enceinte, plus que le tweeter.

Nous remplaçons l’électrolytique d'origine par un MKP et la résistance par une Mundorf. Certaines valeurs sont modifiées pour compenser le fait que le MKP change la réponse avec ici plus d'aigu (audible et mesurable, bien que la différence à l'écoute nous paraisse plus importante que ce que les mesures laissent penser).
Une fois le bon équilibre trouvé nous effectuons le même travail sur l'autre enceinte.

Filtre d'origine puis refait:

Au remontage nous aspirons avec le plus grand soin les caisses, afin d'éviter que dans le futur des poussières ne se retrouvent à nouveau dans l'entrefer:

Pour la même raison nous remplaçons l’amortissant d'origine en laine de verre friable qui se trouve derrière le woofer par du polyfill plus stable.

Le polyfill étant moins dense, nous augmentons un peu la quantité:

4. Ébénisteries

Les enceintes sont en bon état, seul les deux dessus ont étés un peu malmenés, ils seront donc refaits:

5. Derniers détails et essai

Les borniers sont désoxydés et bien resserrés, les joints sous les plaques en aluminium remplacés, puis les enceintes sont remontées.
Lors de l'essai le bruit de frottement à disparu et l'aigu a retrouvé sa place, venant compléter harmonieusement le bas-médium de ces enceintes de caractère.